Deux jours auparavant, il était encore vivant. J'étais allé le voir à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, avec l'espoir gênant que ce serait la dernière fois. L'espoir que le long calvaire prendrait fin. Je l'ai aidé à boire avec une paille. La moitié de l'eau a coulé le long de son cou et mouillé davantage encore sa blouse, mais à ce moment-là il était bien au-delà de l'inconfort. Il m'a regardé d'un air désemparé, avec sa lucidité des jours valides. C'était sûrement ça le plus violent, de le sentir conscient de son état. Chaque souffle s'annonçait à lui comme une décision insoutenable. Je voulais lui dire que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'y pense encore à ces mots, et à la pudeur qui m'a retenu dans l'inachèvement sentimental. Une pudeur ridicule en de telles circonstances. Une pudeur impardonnable et irrémédiable. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux lui dire, là. »
A nouveau David Foenkinos a réussi à me séduire avec ce roman : l'histoire est intriguante et le style tout aussi. J'ai bien aimé le fait d'évoquer un souvenir de quelqu'un plus ou moins proche du narrateur. J'ai complètement été absorbée par ce roman que j'ai lu avec un grand plaisir. Des scènes drôles, d'autres plus tragique et un attachement face au personnage qui se renforce au fil des pages. L'auteur met aussi en avant la vieillesse mais d'une façon peu commune et peu abordée, on perçoit plus la douleur de vieillir et la volonté pour les personnes du 3ème age et/ou dépendantes de sentir à nouveau libres et de revivre leurs jeunesses, et leurs souvenirs.
Un très bon roman, en effet. Foenkinos m'a clairement emmené dans son univers !
RépondreSupprimer